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cherches, et le premier avait eu la pensée de donner des définitions, Platon, héritier de sa doctrine, habitué à la recherche du général, pensa que ses définitions devaient porter sur des êtres autres que les êtres sensibles ; car, comment donner une définition commune des objets sensibles, qui changent continuellement ? Ces êtres, il les appela Idées [1], ajoutant que les objets sensibles sont placés en dehors des idées, et reçoivent d’elles leur nom ; car c’est en vertu de leur participation[2] avec les idées, que tous les objets d’un même genre reçoivent le même nom que les idées. Le seul changement qu’il ait introduit dans la science, c’est ce mot de participation. Les Pythagoriciens en effet disent que les êtres sont à l’imitation des nombres ; Platon, qu’ils sont par leur participation avec eux[3] : le nom seul est changé. Quant à rechercher en quoi consiste cette participation ou cette imitation des idées, c’est ce dont ni lui, ni eux ne se sont occupés. De plus, outre les objets sensibles et les idées, Platon admet des êtres intermédiaires, les êtres mathématiques, distincts des objets sensibles, en ce qu’ils sont éternels et immobiles, et des idées, en ce qu’ils sont

  1. Ἰδέας, et trois lignes plus loin εἴδεσι. Les mots ἰδέα et εἶδος semblent, pour Aristote, complètement synonymes. Platon distingue ordinairement ces deux termes l’un de l’autre. Voyez M. Cousin, De la langue des idées, dans les Fragm. histor.,- p. 160, et les notes de la traduction française de Platon. Mais quelquefois aussi Platon emploie ἰδέα pour εἶδος, et réciproquement.
  2. Κατὰ μέτεξιν.
  3. Εἶναι μιμήσει, μεθέξει.