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une comme unique, comme double par les autres.

Les Pythagoriciens, il est vrai, n’ont parlé, eux non plus, que de deux principes. Mais ils ont ajouté ceci, qui leur est propre. Le fini, l’infini et l’unité ne sont pas, suivant eux, des natures à part, comme le sont le feu ou la terre, ou tout élément analogue ; mais l’infini en soi[1] et l’unité en soi[2] sont la substance même des choses auxquelles on attribue l’unité et l’infinité ; et, par conséquent, le nombre est la substance de toutes choses[3]. Telle est la manière dont ils se sont expliqués sur les causes en question. Ils ont ainsi commencé à s’occuper de la forme propre des choses, et à définir ; mais sur ce point leur doctrine est trop imparfaite. Ils définissaient superficiellement ; et le premier objet auquel convenait la définition donnée, ils le regardaient comme l’essence de la chose définie : comme si l’on pensait, par exemple, que le double et le nombre deux sont la même chose, parce que le double se trouve d’abord dans le nombre deux.

  1. Αὐτὸ τὸ ἄπειρον.
  2. Αὐτὸ τὸ ἕν.
  3. Selon les Pythagoriciens, le fini, l’infini et l’unité n’ont pas une existence différente des sujets où ils se trouvent, tandis que les Ioniens, lors même qu’ils admettent que la terre et le feu sont infinis, distinguent le sujet même, le principe matériel, feu, air ou terre, et la qualité qu’ils y admettent, à savoir : l’infinité ou l’immensité. Dans le système des Pythagoriciens, il n’y a pas deux choses : le sujet et son attribut ; pour eux l’attribut des Ioniens est le sujet lui-même : οὐχ ἕτερον, οὐχ ἑτέρας τινὰς φύσεις τῶν κατηγορουμένων ; ailleurs, liv. XII, Aristote emploie μὴ χωριστόν au lieu de οὐχ ἕτερον, éd. Brandis, p. 279. Ainsi, les choses ont fait place aux conceptions mathématiques, et les termes s’évanouissent dans leurs rapports. Note de M. Cousin.