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lui sert de guide habituel pour se convaincre du contraire ; il lui eût fallu deviner la moitié de la Métaphysique. D’ailleurs les rectifications qu’il fait subir non-seulement à cette version mais à toutes, les versions qu’il semble avoir eues sous les yeux, ses discussions sur le sens des mots grecs, sont, à notre avis, des arguments péremptoires.

Deux Grecs du quinzième siècle, le cardinal Bessarion et Jean Argyropoulo (en latin Argyropylus), ont traduit la Métaphysique, l’un les XIV livres, l’autre les XII premiers seulement. C’est à cette différence que ces deux traductions ont dû sans doute la diversité de leur fortune : Bessarion est fréquemment cité, sa traduction accompagne toutes les éditions d’Aristote qui renferment des traductions, tandis que le nom d’Argyropule est à peine connu des lecteurs de la Métaphysique. Pourtant la traduction d’Argyropule est fort supérieure à celle de Bessarion. Bessarion calque servilement sa phrase sur la phrase de l’original, se crée une langue en dehors même des habitudes scolastiques, et réussit ordinairement à se rendre beaucoup plus difficile à comprendre qu’Aristote lui-même. C’est un vocabulaire, mais un mauvais vocabulaire. On pourrait presque défier tous les latinismes du monde de traduire raisonnablement des phrases comme celles-ci, que nous prenons au hasard : « Causæ vero quadrupliciter dicuntur, quarum quidem unam causam dicimus esse substantiam et quod quid erat esse : reducitur enim ipsum quare primum ad rationem ultimam, causa autem et principium, ipsum quare primum. » L. I, 3. — « Causa vero uno modo dicitur, ex