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la conscience, de mener jusqu’au bout l’entreprise.

Il ne paraît pas que les Romains aient traduit eux-mêmes Aristote dans leur langue. La connaissance du grec était si répandue dans toute l’étendue de l’empire, que tout Romain, au moins tout Romain de quelque distinction, connaissait, écrivait et parlait également les deux langues. C’est de la séparation des deux parties de l’empire que date la séparation des littératures, et c’est aux derniers siècles de la décadence latine, au commencement des siècles barbares, qu’on commence à sentir le besoin de traduire les livres grecs. Les poètes avaient bien donné une sorte d’exemple, mais si peu à titre de traducteurs, qu’ils se permettaient les plus grandes libertés, et ne voyaient dans l’original qu’un thème tout fait de versification, une occasion de mettre aux prises la littérature nationale avec la littérature victorieuse du peuple qu’on avait vaincu : c’est la pratique de Catulle, d’Horace, des autres poètes. Le premier traducteur connu d’Aristote est Boèce, célèbre surtout comme poète et comme moraliste : or, Boèce vivait au vie siècle ; il était né vers le temps de la destruction de l’empire d’Occident par les barbares. Il traduisit certainement les ouvrages dialectiques, et l’on verra tout à l’heure qu’il avait mis en latin une partie au moins de la Métaphysique, et que son travail, aujourd’hui perdu, était encore entre les mains des savants au temps de saint Thomas.

Outre la cause que nous venons d’indiquer, il y en avait une autre, qui dut nuire pendant longtemps à la propagation des ouvrages d’Aristote ; c’est l’anathème prononcé par les Pères des premiers siècles, presque