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terre, l’homme est encore bien moins qu’elle, comparativement à tout ce qui l’entoure. L’homme est un atome, si l’on veut ; mais c’est cependant cet atome qui comprend et mesure le système du monde, et dont la science est arrivée au point où nous venons de la voir. On reproche à l’homme « de s’être laissé séduire par les illusions des sens et de l’amour-propre, et de s’être regardé longtemps comme le centre du mouvement des astres. » On ajoute que son vain orgueil a été puni par les frayeurs que les astres lui ont inspirées. » L’homme ne mérite pas ces critiques ; et l’on ne voit pas qu’aucun philosophe de la Grèce, même parmi ceux qui n’étaient ni des Platon ni des Aristote, ait éprouvé jamais le moindre effroi des phénomènes qu’ils observaient. Les illusions des sens sont, au début, très naturelles ; et c’est à force de s’y livrer qu’on parvient à en démêler la profonde erreur. C’est une des gloires de l’astronomie de les avoir peu à peu dissipées, et d’avoir enfin substitué la raison et l’intelligence au témoignage de la sensibilité.

Mais quels qu’aient été l’orgueil et la faiblesse de l’homme à son origine et dans l’enfance des sociétés, quel que soit même aujourd’hui son orgueil en sens contraire et non moins aveugle peut-être, il n’est personne qui puisse nier encore que l’homme, tel que l’astronomie nous le montre, ne soit un être LXXXIX