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on embrasse aujourd’hui les étais passés ou futurs du système du monde [1]. »

Je mets le Traité du Ciel d’Aristote sous la protection de cette pensée si juste du grand géomètre. Oui ; il y a une distance considérable entre les premières idées que les hommes se sont faites du mouvement des astres, et la sûre doctrine où, de nos jours, la science est parvenue. C’est là un fait évident que personne ne voudrait nier. En comparant l’ouvrage du philosophe grec à la Mécanique céleste, on peut sans peine mesurer l’intervalle immense qui les sépare, et il faudrait être un admirateur bien aveugle de l’antiquité, ou un détracteur non moins passionné du temps présent, pour ne pas reconnaître la supériorité incontestable des modernes sur leurs devanciers. Mais le Traité du Ciel d’Aristote n’en mérite pas moins, tout imparfait qu’il est, la plus sérieuse attention et la plus haute estime. Les historiens de l’astronomie, et à plus forte raison les astronomes, l’ont dédaigné, quand ils ne l’ont pas tout à fait omis ; et l’on pourrait croire, en voyant cette négligence ou ce mépris, qu’une théorie du monde, élaborée par un homme tel qu’Aristote, au plus beau temps de la Grèce, ne

  1. Laplace, Exposition du système du monde, Tome I, page 1, édition de 1824.