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remplir l’espace entier. Il faut donc comprendre la totalité du monde comme une sphère, où le ciel occupe la circonférence la plus reculée, et où les éléments sont placés, tous sphériques aussi, dans l’ordre suivant : le feu, l’air, l’eau et la terre.

Mais pourquoi, se demande Aristote, le monde a-t-il un mouvement dans un sens plutôt que dans l’autre ? Pourquoi les astres, en un ordre inverse, ne se lèvent-ils pas aussi bien au point que nous appelons l’occident ? Pourquoi ne se couchent-ils pas à l’orient ? A cette question, que nous pouvons nous poser, comme le faisait le philosophe grec, et que les hommes se poseront perpétuellement, Aristote répond avec la plus haute sagesse, et avec une rare humilité : « Essayer, dit-il, de discuter certaines questions et prétendre tout expliquer, en se flattant de ne rien omettre, c’est peut-être faire preuve ou de beaucoup de naïveté ou de beaucoup d’audace. Cependant il ne serait pas équitable de blâmer indistinctement toutes ces tentatives. Il faut peser les motifs que chacun peut avoir de prendre la parole ; et ensuite, il faut examiner jusqu’à quel point on mérite confiance, selon qu’on s’appuie sur des raisons admises par le vulgaire des hommes, ou sur des considérations plus relevées et plus fortes. Lors donc qu’on voit quelqu’un atteindre, en ces matières, une plus