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LIVRE I, CH. VI, § 2.

à l’autre ; mais les directions contraires vont vers des lieux contraires ; et si l’un des contraires est déterminé, l’autre le sera nécessairement aussi. Or, le milieu est déterminé ; car de quelque côté que le corps soit porté en bas, le corps qui descend ne peut jamais aller plus loin que le milieu et le dépasser[1]. Ainsi donc, le milieu étant déterminé et fini, il faut nécessairement que le lieu supérieur le soit aussi[2]. Or, si les lieux sont limités et finis, il faut également que les corps qui les occupent soient finis comme eux. § 2. De plus, si le haut et le bas sont déterminés, il faut nécessairement que l’espace intermédiaire[3] le soit également ; car si cet intervalle n’était pas limité, le mouvement serait infini[4]. Or, on vient de démontrer[5] antérieurement que cela est impossible. Donc le milieu est déterminé[6] ; par suite, le corps qui est dans ce milieu ou qui peut y venir, est fini également. Mais tout corps qui est porté naturellement soit en haut soit en bas, peut

  1. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte. C’est d’ailleurs l’action de la pesanteur, à la surface du globe entier de la terre. Les graves, si leur chute pouvait se continuer jusqu’au centre, devraient nécessairement s’y arrêter, sans pouvoir aller au-delà.
  2. Ceci revient à dire que l’attraction, que le globe de la terre exerce sur tous les corps graves à sa surface, doit cesser à un certain point de l’espace ; et tout en partant de raisons purement métaphysiques, Aristote pressent la vérité.
  3. Le texte dit simplement : l’intermédiaire.
  4. Il faut entendre le mouvement en ligne droite des corps qui descendent ou qui s’élèvent, selon leur pesanteur ou leur légèreté ; or ce mouvement ne peut pas être infini, puisqu’il ne peut dépasser le centre.
  5. Dans le § précédent, ou dans ce qui a été dit au ch. 5, en traitant du mouvement circulaire.
  6. Il semble que c’est l’intermédiaire qu’il faudrait dire et non le milieu, puisque jusqu’à présent le milieu a été pris pour le centre ; et que le haut et le bas étant déterminés, on veut prouver que l’intervalle qui les sépare doit l’être comme eux.