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le soutient Aristote, et tout cela n’est rien ; le temps se réduit à un instant, qui est indivisible ; la matière se réduit à un atome, qui ne l’est pas moins ; en face de l’infini, c’est un pur néant. Quelle est donc la véritable réalité ?

Je ne veux pas rabaisser ou nier la réalité sensible ; et je me garderais bien de renouveler contr’elle les bravades et les extravagances du scepticisme. Mais je dis que la réalité que perçoivent nos sens n’est qu’un indice et une enveloppe de cette réalité que conçoit notre raison. Celle- là est la vraie, par ce simple motif qu’elle nous associe, par notre intelligence, à l’éternité, et nous y introduit autant qu’il nous est donné d’y pouvoir pénétrer. Aristote a prononcé une belle parole : « Toute vérité démontrée est une vérité éternelle. » Ce n’est pas à dire que l’homme fasse la vérité ; encore moins, qu’il l’a rende éternelle ; seulement cela veut dire que la vérité est éternelle par elle-même, et que notre esprit, une fois qu’il l’a découverte et saisie, n’a point à craindre qu’elle change ni qu’elle lui échappe. Laplace a exprimé la même pensée en d’autres termes ; à son insu, il ne faisait que répéter Aristote, quand il félicitait l’astronomie d’être devenu un grand problème de mécanique rationnelle, où les faits de la nature n’étaient plus que des quantités variables et arbitraires. Pour Laplace aussi, il n’y avait donc d’essentiellement CXI