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ET DE LA VEILLE. CH. I.

ques et terrestres. En effet, on a observé le sommeil de toutes les espèces de poissons et de mollusques, ainsi que de tous les autres animaux qui ont des yeux. Ceux qui ont les yeux durs comme les insectes dorment évidemment ainsi que les autres ; seulement, tous ces animaux dorment fort peu ; et voilà ce qui a fait souvent qu’on a pu douter pour plusieurs s’ils dorment ou s’ils ne dorment pas. Quant aux animaux recouverts de coquilles, on ne sait pas encore, par des observations directes, s’ils dorment réellement ; mais l’on s’en tiendra, sur ce point, à l’explication qu’on en donne, si on la trouve plausible.

§ 11. On voit donc que tous les animaux, sans exception, ont la faculté du sommeil ; et en voici les raisons. Le caractère essentiel de l’animal, c’est la sensibilité qui, seule, le détermine ; et nous avons dit qu’en un certain sens le sommeil est comme l’enchaînement et l’immobilité de la sensibilité, et que la veille en est comme la délivrance et l’exercice. Or, les végétaux ne peuvent avoir en partage ni l’une ni l’autre de ces deux affections, puisque sans la sensibilité il n’y a ni sommeil ni veille. Les animaux qui sont doués de sensibilité pourront aussi éprouver les sentiments de peine

§ 10. Les yeux durs. Voyez sur cette expression le Traité de l’Âme, III, ix, 2 et 7. — À l’explication on en donne. L’expression d’Aristote est ici un peu vague ; et l’on ne saurait dire s’il entend parler d’une explication qu’il aurait personnellement donnée. § 11. Le caractère essentiel de l’animal. Voir le Traité de l’Âme, I, ii, 2, et II, ii, 4. — Et nous avons dit, plus haut, § 9. — Or, les végétaux. La comparaison qu’Aristote fait ici des végétaux aurait peut-être exigé qu’il dit au début du paragraphe : « On voit donc que les animaux seuls, etc. » — De peine et de plaisir. Il paraît, d’après les coin