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DU SOMMEIL ET DE LA VEILLE.

qu’il reste immobile dans le sein de la mère. On peut remarquer en outre sur les gens qui ont la tête fort grosse et des formes de nains, qu’ils sont plus portés au sommeil que les autres. Même remarque pour les gens qui ont les veines étroites, parce que l’humidité n’y peut pas circuler assez aisément. Au contraire, ceux qui ont les vaisseaux larges et la circulation facile dorment peu, ainsi que les mélancoliques, dont le corps, toujours froid à l’intérieur, n’a qu’une évaporation peu abondante. De tous ces faits on peut tirer cette conclusion que le sommeil est une sorte de concentration de la chaleur à l’intérieur, et comme une répercussion ; les parties supérieures du corps se refroidissent, tandis que les parties inférieures et celles du dedans s’échauffent. Le sommeil peut donc être considéré comme une sorte de refroidissement de l’intérieur du corps ; et cette théorie n’est pas contredite, parce que certaines boissons chaudes provoquent le sommeil. La chaleur naturelle s’éteint alors en partie, comme le feu se ralentit au moment même où l’on met du bois dessus. Quoi qu’il en soit, c’est le cerveau qui est le siège principal du sommeil ; le cerveau est la partie la plus froide du corps de l’animal. L’évaporation inférieure s’y refroidit