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PLAN DU TRAITÉ

dort. L’homme veille tant qu’il sent : il dort dès qu’il ne sent plus. Ainsi le principe qui fait que l’homme sent est aussi celui qui est affecté par le sommeil et par la veille ; or, sentir n’appartient en propre ni à l’âme ni au corps ; c’est une fonction commune aux deux. Par suite, les êtres qui n’ont pas la partie sensible de l’âme, les végétaux, par exemple, qui n’ont que la partie sensitive, ne dorment ni ne veillent. Une autre conséquence, c’est qu’il n’est point d’animal qui veille toujours ou qui dorme toujours. Tout organe, quelle qu’en soit d’ailleurs la fonction naturelle, ne peut l’exercer que durant un temps limité, après lequel il tombe dans l’impuissance. Si donc la veille est le libre exercice de la sensibilité, le sommeil sera une fonction aussi indispensable qu’elle ; car il faut nécessairement que tout être qui veille puisse aussi dormir, pour réparer les forces que la veille lui enlève. D’autre part, le sommeil doit également finir avec cette réparation même, puisque l’exercice de la sensibilité est l’état complet et vrai de l’animal, qui n’est ce qu’il est qu’autant qu’il est doué de sensibilité. Tous les animaux autres que l’homme ont la faculté du sommeil comme lui. Il n’y a doute que pour les coquillages, sur lesquels on n’a point fait d’observations directes.