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nature, et d’autres qui viennent du hasard, à bien plus forte raison ce désordre a-t-il lieu dans les choses qui dépendent de l’habitude, et dans lesquelles la nature n’a pas une puissance égale ; l’esprit peut donc bien quelquefois s’y mouvoir un peu à l’aventure, dans un sens ou dans l’autre, surtout quand on s’éloigne d’un premier point, et de celui-là à un autre. Voilà comment, quand c’est un nom, par exemple, qu’il faut se rappeler, on en trouve un qui lui ressemble, et comment l’on estropie celui qu’on cherchait.

§ 11. Telle est donc l’explication de la réminiscence.

§ 12. Ce qu’il y a de plus important ici c’est d’apprécier le temps, soit d’une manière précise, soit d’une manière indéterminée. Admettons qu’il y ait quelque chose dans l’esprit qui discerne un temps plus long et un temps plus court ; et il est tout simple qu’il en soit en ceci comme pour les grandeurs. Ainsi, l’esprit pense les choses qui sont grandes et éloignées ; et il ne faut pas pour cela que la pensée s’étende au dehors d’elle-même, comme on prétend dans quelques théories que s’étend la vision, parce qu’en effet l’esprit peut penser tout aussi bien ces choses, même quand elles n’existent