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émigré sur les rivages de l’Italie et dans la Grande Grèce que par horreur pour la tyrannie ou l’oppression. L’Italie, qui n’a été fécondée que per ces maîtres venus de l’autre côté des mers, n’a pu se développer, parce que la plante exotique n’avait pas trouvé en elle les aliments nécessaires à sa maturité. La philosophie devait revenir au foyer antique d’où étaient sortis les premiers émigrants, pour y rencontrer sa forme vraie, sa beauté, sa grandeur, et son indépendance, qu’a scellée le martyre. Mais cette philosophie même, toute spontanée qu’elle nous paraît, a peut-être dû aussi l’étincelle qui a tout embrasé à des contacts avec ses voisins ? Thalès a vécu avec les Lydiens, et ses ancêtres étaient de Phénicie ; Pythagore, peut-être aussi d’origine phénicienne, a certainement visité la Syrie, l’Égypte, la Chaldée. Qu’y a-t-il appris ? Qu’en a-t-il rapporté ? En d’autres termes, qu’est-ce que la philosophie Grecque, l’aïeule de la nôtre, la mère de notre Occident, doit à la science Orientale ? L’une et l’autre se sont-elle connues ? L’esprit Grec, ou plutôt l’esprit Occidental, a-t-il emprunté quoi que ce soit au vieil esprit de l’Orient ? C’est une question encore obscure, malgré les récentes clartés. J’essaierai d’y répondre un peu plus loin. Mais d’abord, je veux, pour compléter ce qui précède, agiter une question