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rapporté par un ami de Cimon son adversaire, n’est pas très probable ; car dans la bouche d’un tel homme d’état il eût été bien imprudent. C’était à la fois une vanité personnelle d’assez mauvais goût, et un défi bien inutile contre les alliés. Mais ce reproche du poète, qu’il soit faux ou qu’il soit vrai, suffit à montrer quelle importance Athènes avait attachée à cette guerre, courte mais très sanglante. Au jugement d’un observateur bien compétent, Thucydide, les Samiens victorieux auraient pu arracher à Athènes l’empire de la mer ; et dans cette lutte, quelque regrettable qu’elle fût, il n’y allait de rien moins que de l’existence des deux républiques. Samos soumise, malgré l’énergique résistance de Mélissus, Athènes n’avait plus rien à craindre de personne, si ce n’est d’elle-même, sorte de danger que les états ne sentent jamais, pas plus que ne le sent l’orgueil des simples individus.

Je ne veux pas pousser plus loin ces considérations historiques ; mais il me semble qu’elles suffisent, toutes brèves qu’elles sont, pour nous faire entrevoir assez nettement le milieu réel où est née la philosophie, et où ont vécu et agi les vénérables personnages dont nous avions à nous occuper. Je résume les traits les plus saillants de ce tableau, par lequel j’ai tâché de ranimer, du moins