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Mais l’être n’existe pas, comme il l’exposera ; le non-être n’existe pas davantage, comme il le fera voir ; et enfin, ce qui tout ensemble est et n’est pas n’existe pas plus, ainsi qu’il va le démontrer. Donc, il n’existe rien. Évidemment, le non-être n’est pas ; car si le non-être était, il s’ensuivrait que tout à la fois il serait et ne serait pas ; car, en tant qu’il est compris comme n’étant pas, il ne sera point ; et en tant qu’il est le non-être, il sera de nouveau, et à l’inverse. Mais il est absurde qu’une chose soit tout ensemble et ne soit pas. Donc, le non-être n’existe point. Ajoutez qu’à un autre point de vue si le non-être existe, l’être alors n’existe pas ; car ils sont réciproquement contraires l’un à l’autre ; et si l’être arrive au non-être, le non-être arrivera à l’être.

Mais comme l’être n’est pas, le non-être sera bien moins encore. Ainsi, je dis que l’être n’est pas ; car si l’être existe, ou il est éternel, ou il est créé, ou bien il est tout à la fois éternel et créé. Mais ainsi que nous le prouverons, l’être n’est ni éternel, ni créé, pas plus qu’il n’est les deux à la fois. Je dis donc que l’être n’est pas ; car, si l’être est éternel, puisqu’il faut commencer par là, il n’a pas de commencement ; or, tout ce qui riait a un commencement. L’éternel, n’ayant pas été créé, ne peut avoir de commencement quelconque ; n’ayant pas de commencement, il est infini ; et étant infini, il n’est nulle part. En effet, s’il était quelque part, il faudrait qu’il y eût un être qui serait autre que lui, et dans lequel il serait ; et si l’être était ainsi enveloppé par quelque chose, il ne serait plus l’infini, puisque ce qui enveloppe est plus grand que l’enveloppé.