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et le non-être deviendrait quelque chose. Bien plus, en tant que l’être se meut, et qu’il cesse d’être continu en se déplaçant, en ce sens il n’est plus. Par conséquent, s’il est mû dans toutes ses parties, il est divisé absolument dans toutes ; et, s’il en est ainsi, il n’est plus du tout. A cet égard, dit Gorgias, l’être est défectueux en tant qu’il est divisé, parlant de division au lieu de parler de vide, de même que l’écrit Leucippe, dans ce qu’on appelle ses Discours.

§ 11.[1] Si donc il n’y a rien, et Gorgias croit avoir en ceci, donné des démonstrations, tout alors échappe à notre connaissance. Il ne reste plus dès lors que ce qu’on pense ; et le non-être, puisqu’il n’est pas, ne peut point même être pensé. Ceci étant, il est bien impossible, selon

    toujours un changement. — L’être alors ne serait plus, si l’être ne périssait pas tout entier, il y aurait au moins une partie qui périrait ; et ce serait celle qui deviendrait autre qu’elle n’était. — Et qu’il cesse d’être continu, on ne voit pas en quoi cela peut être nécessaire, et l’être peut ne rien perdre de sa continuité tout en se déplaçant. — Dans toutes ses parties, l’expression du texte n’est pas très claire. — Dit Gorgias, le texte ne donne pas non plus ici le nom de Gorgias. — Leucippe, dans ce qu’on appelle ses Discours, comme le remarque M. Müllach, il semble que l’auteur n’est pas ici très sûr de l’existence du livre de Leucippe ; voir les fragments de Démocrite par M. Müllach, page 374. Diogène de Laërte, ch. 9, § 46, édit. de Firmin Didot, page 238, dit que Théophraste attribuait à Leucippe un ouvrage intitulé, « le grand Diacosme, » qu’on croyait généralement de Démocrite ; voir aussi plus haut les opinions de Leucippe sur le vide, Traité de la production des choses, livre 1, ch. 8, § 5, page 89. Il semble bien, d’après ce dernier passage, que Leucippe devait avoir écrit quelque livre d’où l’auteur paraît tirer ce qu’il dit.

  1. § 11. Et Gorgias, ici encore, le nom n’est pas expressément donné. — Tout alors échappe à notre connaissance, c’est la seconde thèse de Gorgias, voir plus haut, ch. 5, § 1, et aussi l’analyse de Sextus Empiricus. — Il ne reste plus dès lors, le texte n’est pas aussi formel. — Ne peut point même être pensé, Gorgias pense bien cependant le non-être, puisqu’il en parle. Tout ceci est beaucoup plus développé dans l’analyse de Sextus Empiricus. — Selon Gorgias,