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vieil adage, l’être ne consiste pas plus à avoir qu’à ne pas avoir. Par conséquent, l’être aussi peut être infini ou avoir une limite.

§ 9.[1] Mais peut-être est-il déraisonnable d’accoler l’infinitude au non-être. On ne peut pas dire de toute chose qu’elle est infinie par cela seul qu’elle n’a pas de limite, pas plus qu’on ne dit, par exemple, du non-être qu’il est inégal.

§ 10.[2] Mais Dieu étant un, pourquoi n’aurait-il pas de limite ? Sans doute ; mais il ne peut en avoir à l’égard d’un autre Dieu. Si Dieu est tout un, il faut que toutes les parties de Dieu ne fassent aussi qu’une pure unité ; car on ne comprend pas que, si les choses multiples

    une négation. Il n’y a de négation que dans l’indéfini et l’indéterminé. A bien des points de vue, on pourrait soutenir que l’infini a plus d’être que le fini, ou plutôt qu’il est le seul être véritable. voilà comment Dieu est infini de quelque côté que notre faible raison le considère, en durée, en espace, en puissance, en justice, en bonté, etc. etc. — Au vieil adage, je ne connais pas d’autre auteur où cet adage soit spécialement cité ; peut-être aussi ce passage n’a-t-il pas le sens que je lui donne de préférence, et signifie-t-il simplement : « contrairement à ce qui vient d’être dit. » J’aurais adopté ce dernier sens, si en effet ces expressions se retrouvaient du moins en partie dans ce qui précède ; mais je ne les y vois pas assez nettement. — Par conséquent, l’être peut être infini, la conséquence ne paraît pas très rigoureuse ; mais la pensée est vraie ; et c’est l’être en effet qui est infini, tandis que le non-être ne peut être appelé de ce nom que par rapport à l’être, dont il est la négation.

  1. § 9. D’accoler, il me semble que cette nuance de trivialité est aussi dans l’expression du texte. — L’infinitude, ou mieux : « l’idée d’infinitude. » - Par cela seul qu’elle n’a pas de limite, il est clair que la différence est fort grande entre l’infini et l’indéterminé. — Par exemple, j’ai ajouté ces mots.
  2. § 10. Sans doute, mais il ne peut en avoir, le texte n’est pas aussi explicite ; mais la pensée semble évidente, bien que les leçons des manuscrits ne soient pas d’accord. — A l’égard d’un autre Dieu, le texte dit simplement : « à l’égard d’un Dieu. » D’ailleurs tout ce passage est restitué d’après une conjecture de M. Brandis, que justifie la traduction de Féliciano. — Qu’une pure unité, même observation. — Il