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que le reste des êtres, sans être entr’eux plus puissants les uns que les autres. Mais il y a aussi, à ce qu’il semble, d’autres êtres que lui.

§ 4.[1] En effet, il prétend que Dieu est le plus puissant, et il faut nécessairement que ce soit le plus puissant de certains êtres. Mais par ce motif que Dieu est unique, il ne convient pas de dire qu’il voit de partout et qu’il entend de partout ; car parce qu’il ne verrait pas de telle ou telle partie, cela ne veut pas dire qu’il voit plus mal, mais seulement qu’il ne voit pas de cette partie là. Peut-être aussi quand il soutient que Dieu sent de toutes parts, cela veut dire simplement que de cette façon Dieu serait encore plus parfait, puisqu’il est semblable dans toutes ses parties.

§ 5.[2] S’il est comme on vient de le voir, pourquoi lui donner la forme d’une sphère ? Pourquoi n’aurait-il pas plutôt une autre forme, puisqu’il entend de partout, qu’il voit de partout ? Car de même que, quand nous disons que

    les Dieux du poète aient entr’eux quelque subordination, Jupiter étant le plus grand et le plus puissant de tous. — D’autres êtres que lui, ou « d’autres êtres qu’eux. » J’ai préféré, dans l’indécision du texte, faire rapporter ceci à Dieu, plutôt qu’aux dieux.

  1. § 4. Il prétend, j’ai conservé la formule du texte, au lieu de répéter le nom de Xénophane. — De certains êtres, ceci est une correction de M. Müllach ; et cette correction paraît indispensable, bien qu’elle ne soit autorisée par aucun manuscrit. Mais Feliciano, dans sa traduction, semble avoir eu une variante de ce genre. — Que Dieu est unique, comme le prétend Xénophane. — De telle ou telle partie, le texte n’est pas tout à fait aussi précis. — Semblable dans toutes ses parties, sans doute Xénophane veut simplement dire que Dieu est présent partout.
  2. § 5. Comme on vient de le voir, d’après la théorie de Xénophane. — La forme d’une sphère, c’est en effet aller contre les opinions même du philosophe, critiquant les notions et les images que le vulgaire se fait des Dieux ; c’est aussi peu raisonnable que l’anthropomorphisme ordinaire. — Il entend de partout, la sphère est l’unité, et cette image ne s’accorde pas avec l’idée qu’on se fait de l’infinitude de Dieu. — Que