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sont plus là des Dieux ; car l’essence de Dieu, c’est de n’être dominé par personne. S’ils sont plusieurs égaux, dès lors ce n’est plus la nature de Dieu d’être le meilleur ; car l’égal n’est évidemment ni pire ni meilleur que son égal.

§ 3.[1] Dieu étant donc tel qu’on vient de dire, il faut nécessairement qu’il soit un. Autrement, il ne pourrait pas même accomplir non plus tout ce qu’il voudrait ; il ne le pourrait pas, du moment qu’il y en aurait plusieurs. Il faut donc qu’il soit seul.

§ 4.[2] Étant unique, il est absolument semblable à lui-même ; il voit de partout, il entend de partout, et il a tous les autres sens dans la même mesure. Si non, il faudrait que certaines parties de Dieu dominassent et fussent dominées tour à tour ; ce qui est une évidente impossibilité.

§ 5.[3] Dieu étant de partout et absolument semblable, il faut qu’il soit sphérique ; car il n’est pas ainsi dans telle partie sans l’être dans

    monde, on ne pourrait pas dire qu’il est souverain et tout-puissant. — L’essence de Dieu, telle qu’il est permis à la raison de l’homme de la comprendre.

  1. § 3. Il faut nécessairement qu’il soit un, les arguments qui suivent ne sont pas moins forts que les précédents. La toute-puissance de Dieu implique son unité. La pensée seule de Xénophane est ici reproduite, sans que ses expressions mêmes le soient. M. Müllach a essayé de refaire les vers, et il en a donné trois pour tout ce passage ; naturellement il ne les a pas fait entrer dans ses Fragments de Xénophane.
  2. § 4. Il voit de partout, l’auteur aurait pu citer textuellement le vers de Xénophane, qui nous a été conservé aussi par Sextus Empiricus, Adversùs mathematicos - physicos, livre IX, § 114, page 596, édit. de 1842. Sextus Empiricus critique cette notion de Dieu, et il croit qu’il vaut mieux ne lui prêter qu’un seul sens : la vue, par exemple.
  3. § 5. Il faut qu’il soit sphérique, c’est une métaphore que fait Xénophane, après avoir lui-même blâmé les vaines images par lesquelles la faiblesse humaine essaie de se représenter Dieu. Dieu est la sphère dont le centre est partout et la circonférence nulle part ; voir les Pensées de Pascal, édit. de M. E. Havet, page 3,