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profondeur de la terre et de l’air est infinie. Mais Empédocle réfute cette théorie, quand il fait voir, dans sa juste critique, que, si les choses sont comme on le prétend, il est absolument impossible qu’elles soient du tout :

« Les fondements du globe et l’éther impalpable, Dont on nous parle tant, ne sont que de vains mots Répétés sans raison par la langue des sots. »

§ 21.[1] Mais le monde peut très bien être un, sans qu’il y ait rien d’absurde à supposer qu’il n’est pas semblable dans toutes ses parties. En effet si le monde est tout eau, ou tout feu, ou tel autre élément de ce genre, on peut très-bien dire qu’il y a plusieurs choses, quoique l’être demeure un, et qu’il faille toujours que chacun de ces éléments soit semblable à lui-même ; car il ne se peut pas que telle partie soit rare et que l’autre soit dense, à moins qu’il n’y ait du vide dans l’intérieur du rare. Mais rien n’empêche que, pour certaines parties, il n’y ait dans le rare du vide tout à fait séparé, de façon que telle partie du Tout soit dense, et telle autre rare, le Tout restant

    § 21. Qu’il n’est pas semblable dans toutes ses parties, la diversité des parties n’empêche pas l’unité, et peut-être même en est-elle h condition. — Qu’il y a plusieurs choses, en d’autres termes, que les êtres sont multiples, en tant qu’êtres particuliers, et que l’unité de l’ensemble n’en subsiste pas moins. — Car il ne se peut pas, M. Müllach pense que ceci est la théorie de Mélissus, que réfute l’auteur. Il n’y a rien dans le texte qui appuie ou qui repousse cette conjecture. — Du vide dans l’intérieur du rare, j’ai dû prendre celte tournure pour rendre toute la force de l’expression grecque. — Restant d’ailleurs

  1. rappelée dans le Traité du ciel, livre II, ch. 13, § 7, page 194 de ma traduction. Dans ce passage aussi, Aristote reproduit la critique d’Empédocle, et cite les mêmes vers qu’ici.