Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/409

Cette page n’a pas encore été corrigée

théories se réfutent et se détruisent réciproquement.

§ 12.[1] Mais alors, pourquoi l’opinion de Mélissus serait-elle plus vraie ? On peut tout aussi bien soutenir l’opinion contraire, puisque Mélissus a développé son raisonnement, sans avoir démontré que l’opinion d’où il part est la vraie, ou du moins qu’elle est plus solide que celle dont il prétend démontrer la fausseté. C’est une simple supposition de sa part, quand il croit qu’il y a plus de vraisemblance à ce que les choses viennent de rien plutôt qu’à ce qu’elles ne soient pas multiples.

§13.[2] On a fort bien dit, au contraire ici, que des choses qui n’étaient pas se sont produites, et que bien des choses sont sorties du néant. Et ce ne sont pas les premiers venus qui ont émis ces idées ; ce sont les gens réputés les plus sages. Par exemple, Hésiode a dit :

« Le chaos existait avant toutes les choses ;

    venir du néant, et les êtres sont mobiles.

  1. § 12. L’opinion de Mélissus, l’expression du texte est tout à fait indéterminée, et il ne nomme pas Mélissus ; voir plus haut, § 1. — Puisque Mélissus, même observation. — Dont il prétend démontrer la fausseté, le texte dit simplement : « Sur laquelle il démontre. » - C’est une simple supposition, le terme dont se sert ici le texte est étymologiquement le même que plus haut, au § précédent. — Il y a plus de vraisemblance, en d’autres termes : « la création e nihilo est plus probable que l’unité de l’être. » On conçoit mieux que les choses soient venues de rien qu’on ne conçoit qu’elle ne sont pas multiples. Cela tient à ce que la pluralité semble évidente, tandis que la création se cache dans les ténèbres du passé et de l’origine.
  2. § 13. Se sont produites, les manuscrits ont ici une négation au lieu d’une affirmation, comme le rappelle M. Müllach. Spalding a proposé de la supprimer, et je trouve, comme M. Müllach, que cette suppression est indispensable pour la suite des idées. — Les premiers venus, ou « le vulgaire. » - Hésiode, voir la Théogonie, vers 116 et suiv. page 3, édition de Firmin Didot. Ces vers qui ne sont pas cités ici textuellement, se trouvent reproduits encore par Aristote dans la Physique, livre