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jeune quand il eut avec Parménide l’entretien rapporté dans le dialogue de ce nom, avait alors vingt ans, ceci nous reporte à 450 avant J.-C. Parménide serait né, dans cette hypothèse, en l’an 515, et pour qu’il eût reçu les leçons de Xénophane, il faudrait que celui-ci fût mort vers l’époque que nous avons indiquée tout à l’heure.

Mais je laisse encore une fois ces discussions de chronologie [1], et je m’arrête quelques instants aux opinions philosophiques de Xénophane, qui ont à mes yeux une bien autre importance. S’il est en ce qui le regarde un point sur lequel on soit unanime, c’est que ses idées sur les dieux, et l’on pourrait dire sur Dieu, ont été beaucoup plus saines et beaucoup plus avancées que celles de ses contemporains ; notre traité le prouverait à lui seul. Mais les témoignages abondent, tous plus précis les uns que les autre. Le plus essentiel est celui de Xénophane lui-même, et le Christianisme ne s’ y est pas trompé. Clément d’ Alexandrie (Stromates, liv. V, page 601) loue le philosophe de Colophon d’avoir fait Dieu incorporel et d’avoir dit :

« Unique et tout puissant, souverain des plus forts,

Dieu ne ressemble à nous ni d’esprit ni de corps. Les humains, en faisant les Dieux à leur image, Leur prêtent leurs pensers, leur voix et leur visage.  »

Clément d’Alexandrie cite en outre d’autres vers qui répètent la même pensée soue une autre forme, et où Xénophane dit que, « si les bœufs et les lions avaient des mains et pouvaient peindre comme le font les hommes,

  1. Voir la Dissertation spéciale de M. V. Cousin, dans le le volume de ses Fragments philosophiques.