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et selon l’usage de ces peuples, les ambassadeurs chargés de le conclure se firent une incision au bras, et sucèrent mutuellement le sang les uns des autres. Cette alliance, toute sincère qu’elle pouvait être, fut fatale à la Lydie, en l’entraînant dans une nouvelle guerre, où elle devait succomber et périr tout entière.

Alyatte mort, son fils Crésus, qui devait être le dernier roi de sa race, et accomplir la fatale prophétie de l’oracle de Delphes, monta sur le trône. Crésus, dont le nom est devenu synonyme de celui de richesse, était un prince des plus distingués ; et bien que très fier de ses trésors héréditaires, accumulés par ses ancêtres, les Héraclides et les Mermnades, il n’était pas du tout l’homme voluptueux et faible qu’en général on suppose. A peine sur le trône, il songea à terminer l’œuvre de ses prédécesseurs, et à soumettre complètement toutes les cités grecques de la côte. Il leur chercha querelle sous divers prétextes plus ou moins plausibles, en commençant par Éphèse, et il eut bientôt réduit toutes les colonies à lui obéir. L’Ionie et l’Éolide étaient vaincues. Crésus sentit bien qu’il n’avait rien fait tant qu’il n’avait pas les îles en sa possession ; il se préparait donc à équiper une flotte pour traverser la mer, quand un conseil de Bias de Priène, d’autres disent de Pittacus de Mytilène, vint le faire renoncer