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nobles et profondes théories sur Dieu et sa toute-puissance. Sous ce rapport, Xénophane, qui passe pour le fondateur de l’école d’Élée, est un fort grand homme ; et longtemps avant Socrate et Platon, il a eu des pressentiments dignes d’eux. Mélissus, sans être au niveau de Xénophane, mérite néanmoins qu’on ne l’oublie pas ; et Gorgias, tout sophiste qu’il est, ne dépare pas absolument la compagnie où on le place. En effet, il suffit de se se souvenir que Platon a mis sous ce nom célèbre un de ses plus beaux dialogues.

Mais comment, dans cette critique de l’école d’Élée et des systèmes analogues aux siens, Zénon a-t-il été omis par l’auteur de notre opuscule ? Zénon figure sur le titre dans la plupart des manuscrits. Pourquoi ne reparaît-il plus dans le corps de l’ouvrage ? D’où vient ce silence et cette lacune ? M. Müllach conjecture avec raison que notre traité, qui n’a maintenant que trois parties, en devait avoir quatre jadis, et que la critique de Zénon devait venir après celle de Xénophane. Cette hypothèse est admissible ; et elle ressort très naturellement de cette circonstance, qu’Aristote avait examiné les doctrines de Zénon tout aussi bien que celles des trois autres philosophes. M. Müllach appuie cette présomption sur un passage de notre traité (chapitre V, § 3), où le nom de Zénon est mentionné après celui de Mélissus expressément. A ce passage, on peut en joindre deux autres qui sont presque tout à fait dans le même sens (chapitre VI, §§ 8 et 9). Il se trouve ainsi que, sans sortir de notre opuscule, nous pouvons avoir de suffisants motifs de croire qu’en effet il y avait une autre partie, aujourd’hui perdue, où il était question de Zénon. Cette partie devait venir en ordre après celle qui concerne Xénophane.