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quitter précipitamment Athènes, fugitif, exilé à Chalcis, il était à peine arrivé en lieu de sûreté qu’il y mourut, on ne sait trop comment, mais certainement d’une mort violente, à l’âge de soixante-deux ans. Tout ce qu’il laissait de travaux et de papiers fut recueilli par Théophraste, qui ne paraît pas en avoir rien publié lui-même. On se rappelle la suite ; le monde occidental ne connut guère les ouvrages d’Aristote que quand ils furent apportés d’Athènes à Rome par les soins de Sylla, et coordonnés tant bien que mal par Andronicus de Rhodes.

Ce qu’il y aurait d’étonnant, c’est que des manuscrits négligés forcément par l’auteur, négligés par son héritier immédiat, nous présentassent plus de régularité. Le désordre ou plutôt l’insuffisance de notre petit livre ne dit rien contre lui, et tel que nous l’avons, je le trouve moins profondément dérangé que ne le sont plusieurs autres ouvrages aristotéliques, dont la parfaite authenticité n’est pas contestable. On peut trouver même que cet opuscule n’est pas mal composé. Les trois parties qui le forment sont clairement distinguées les unes des autres, et se succèdent sans confusion. L’exposition des doctrines critiquées y est assez nette et assez bien suivie ; et si, en général, on l’a jugé défavorablement, c’est que les premiers éditeurs l’avaient défiguré par une foule de fautes, que des soins postérieurs et plus intelligents ont fait presqu’entièrement disparaître. J’en appelle au lecteur attentif, qui voudra bien examiner cet opuscule, tel que l’a restitué l’édition de M. Müllach, et tel que le donne ma traduction.

Si donc le traité « de Mélissus, de Xénophane et de Gorgias  » n’est pas purement aristotélique, il n’offre rien