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de ce genre ait alors profondément ému les esprits. Mais Hérodote, qui nous en a gardé le souvenir, ajoute que cette éclipse de soleil avait été prédite à l’avance par Thalès de Milet, et qu’il avait indiqué aux Ioniens l’année où elle devait se produire[1].

Ce récit de l’historien, que j’admets pleinement pour ma part, a donné lieu à divers problèmes du plus grand intérêt. On a cherché à calculer cette éclipse, avec les procédés à peu près infaillibles dont dispose aujourd’hui notre astronomie, et l’on a espéré trouver par là une date irréfragable au milieu de cette chronologie confuse et douteuse. Mais sur un terrain qui semblait purement scientifique, on n’a pu s’entendre ni s’orienter sûrement. Le P. Pétau a calculé que l’éclipse a dû avoir lieu la 4e année de la 45e olympiade, c’est-à-dire l’an 592 avant l’ère chrétienne. Saint Martin, qui s’est occupé le dernier de cette question, a trouvé qu’une éclipse totale visible sur l’Halys, où se rencontraient les deux armées, n’avait pu se produire que le 30 septembre 610 (Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, nouvelle série, tome XII ). Il y a donc une différence de 18 ans entre les deux évaluations. Je pourrais en citer d’autres, non moins diverses

  1. Hérodote, livre I, ch. 74.