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venir chacun de chacun, si ce n’est comme des moellons viennent d’un mur, ceux-là soutiennent une théorie absurde ; car alors, comment de ces éléments fera-t-on venir les os, les chairs ou telle autre substance analogue ?

§ 2.[1] Il est vrai que cette difficulté subsiste, et qu’à ceux qui admettent que les éléments s’engendrent mutuellement, on peut tout aussi bien demander de quelle manière les éléments en arrivent à produire quelque chose de différent d’eux-mêmes. Par exemple, si du feu vient l’eau, et si de l’eau vient le feu, c’est qu’il y a entre eux quelque sujet commun. Mais des éléments, il sort bien certainement aussi de la chair et de la moelle ; or, comment ces substances se produisent-elles ?

§ 3.[2] De quelle façon peuvent-elles se produire, d’après les théories de ceux qui suivent la doctrine d’Empédocle ? Nécessairement, il n’y a, entre ces éléments, qu’une juxtaposition comme celle des matériaux d’un mur, qui se compose de briques et de pierres ; dans un mélange

    matière commune. — Comme les moellons viennent d’un mur, les moellons composent le mur parce qu’ils sont juxtaposés ; ils ne sont pas combinés et fondus ensemble. De même les éléments seraient juxtaposés et ne se confondraient pas pour former les corps dans la composition desquels ils entrent. La comparaison est assez juste ; mais l’expression n’est pas assez développée ; et cet exemple, amené un peu trop brusquement a quelque chose de bizarre. — Ou telle autre substance analogue, c’est-à-dire tout à fait homogène. Dans le système qu’Aristote critique, les éléments ne peuvent être que réunis les uns aux autres ; ils ne sont pas réellement combinés.

  1. § 2. Que les éléments s’engendrent mutuellement, c’est la théorie contraire à celle d’Empédocle, qui croyait les éléments immuables. — Quelque chose de différent d’eux-mêmes, en supposant que les quatre éléments soient l’origine de tous les corps que nous observons, les corps sont fort distincts des éléments qui les forment, et c’est un problème de savoir comment ils peuvent en venir. — Si du feu vient l’eau, voir plus haut, ch. 5, § 6. — Des éléments, le texte n’a qu’une expression indéterminée.
  2. § 3. Qui suivent les doctrines d’Empédocle, et qui croient que les éléments sont immuables, sans pouvoir se changer les uns dans les autres. — Comme celle des matériaux