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facilita aussi le stratagème de Thrasybule, tyran de Milet à cette époque. Averti par son ami Périandre, tyran de Corinthe et fils de Cypsèle, Thrasybule avait su dissimuler à un envoyé Lydien la véritable situation de la ville assiégée, et faire croire, dans ses murs, à une abondance qu’elle n’avait pas. Alyatte, trompé par le rapport de son ambassadeur abusé, se résolut à traiter avec Milet, quoiqu’il eût encore bien peu à faire peur la vaincre. Cette paix, conclue grâce à l’oracle et à l’adresse de Thrasybule, dura assez longtemps. Alyatte mourut après cinquante-sept années d’un règne d’ailleurs fort troublé. Pendant ce temps, il ne cessa ses bons rapports avec la Pythie. Guéri d’une longue maladie sur laquelle il l’avait consultée, il dédia au Dieu de Delphes une magnifique coupe en argent, dont la base était de fer, artistement soudé par Glaucus de Chios, l’inventeur de ce procédé alors tout nouveau et très admiré.

La guerre contre Milet n’avait pas été la seule qu’eût faite Alyatte ; il s’était emparé de Smyrne, colonie de Colophon, et il avait même attaqué Clazomènes, située à quelque distance à l’ouest dans le même golfe. Mais Clazomènes l’avait repoussé victorieusement, en lui infligeant un assez rude échec. Alyatte avait été mieux inspiré et avait rendu un vrai service à l’Asie entière, en tournant ses armes