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§8.[1] D’ailleurs, c’est déjà une question bien assez embarrassante que de savoir quelle peut-être la cause qui entretient et enchaîne la génération des choses, si l’on suppose que ce qui est détruit s’en retourne dans le néant, et que le non-être n’est rien ; ce qui n’est pas, n’étant ni substance, ni qualité, ni quantité, ni lieu, etc. Car alors, puisque à tout instant quelqu’un des êtres disparaît et s’éteint, comment se fait-il que le monde entier n’ait pas été déjà depuis si longtemps épuisé mille fois, si la source d’où vient chacun de ces êtres est limitée et finie ? Certes si cette perpétuelle succession ne cesse jamais, ce n’est pas que la source d’où proviennent les êtres soit infinie ; car cela est tout à fait impossible, puisqu’en réalité rien n’est infini, et que c’est même seulement en puissance que quelque chose peut être infini dans la division. Or nous avons démontré que la division était seule à être incessante et à ne jamais manquer, parce qu’on peut toujours prendre une quantité de plus en plus faible. Mais ici nous ne voyons rien de pareil. La perpétuité de la succession ne devient-

    l’absolue production, c’est-à-dire la possibilité qu’une chose vienne du néant et rentre dans le néant.

  1. § 8. Qui entretient et enchaîne, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — S’en retourne dans le néant, ou simplement : « s’en va dans le néant. » — Ni substance, ni qualité, c’est-à-dire, dans aucune des catégories. — Ni lieu, il n’y a ici que quatre catégories d’énumérées, au lieu de dix ; voilà pourquoi j’ai ajouté un et cætera. — Le monde entier, le texte dit précisément : Le tout. — Est limitée et finie, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — Cette perpétuelle succession, le texte n’est pas tout à fait si explicite. — Nous avons démontré, voir la Physique, Théorie de l’infini, livre Ill, ch. 5, § 4, et ch. 11, § 5. — De plus en plus faible, c’est en effet la théorie d’Aristote dans la Physique ; mais il semble qu’on peut trouver que l’accroissement des choses est infini, tout aussi bien que leur division, puisqu’il s’agit toujours, de part et d’autre, de quantités purement imaginaires. —