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cette même manière. Que si l’on admet une production absolue, alors il faudra que l’être vienne absolument du non-être, du néant, de telle sorte qu’il serait vrai d’affirmer que le néant appartient à certains êtres. Une production relative peut bien venir d’un non-être relatif ; et par exemple, le blanc peut venir du non-blanc, ou le beau vient du non-beau ; mais la production absolue doit venir de l’absolu non-être.

§ 2.[1] Or, l’Absolu en ceci exprime, ou le primitif dans chaque catégorie de l’être, ou l’universel, c’est-à-dire, ce qui renferme et contient tout. Si c’est le primitif que signifie l’absolu, il y aura production de substance,

    et passe par diverses qualités ; mais préalablement il est, avant de changer. — Une production absolue, c’est-à-dire que la chose qui n’était pas antérieurement vient à être, sortant du néant, où elle était auparavant. — Du non-être, du néant, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. C’est en ce sens qu’on dit d’une chose qu’elle est plongée dans le néant, et que « le néant appartient à certains êtres, » comme le dit le texte. L’expression semble contradictoire, et cependant elle est juste. — Le blanc peut venir du non-blanc, c’est-à-dire qu’une chose qui n’est pas blanche peut devenir blanche. Ce n’est pas là une production, à proprement parler ; c’est un simple changement, une simple altération. — La production absolue doit venir de l’absolu non-être, c’est-à-dire qu’une chose est, après n’avoir pas été, sortant du néant où elle était.

  1. § 2. Or, l’Absolu en ceci exprime, ou le primitif, l’absolu ne semble pas pouvoir être employé en ce sens restreint ; mais c’est ici une simple distinction verbale, qui est tout arbitraire. — Dans chaque catégorie de l’être, c’est-à-dire dans toutes les catégories autres que celle de la substance, le primitif est le terme le plus élevé. Ainsi dans la catégorie de la qualité, ce n’est aucune des qualités particulières ; mais c’est la qualité même. — Ou l’universel, c’est-à-dire la substance, et c’est en ce sens que d’ordinaire on entend l’absolu. — Renferme et contient tout, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. Cela revient à dire qu’il faut d’abord que la chose existe, pour qu’ensuite elle puisse être douée de quelque qualité que ce soit. — Si c’est le primitif que signifie l’absolu, j’ai ajouté les trois derniers mots, pour rendre la pensée plus précise et plus claire. — Il y aura production de substance,