Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/206

Cette page n’a pas encore été corrigée

en puissance le corps est toujours divisible absolument et sans limite. Qu’y a-t-il donc ici en dehors et à part de la division, si l’on dit que c’est une propriété du corps ? On peut toujours demander comment le corps se résout en des propriétés de ce genre, comment il peut en être formé, et comment ces propriétés peuvent être séparées du corps.

§ 16.[1] Si donc il est impossible que les grandeurs se composent de simples contacts, ou de points, il faut nécessairement qu’il y ait des corps et des grandeurs indivisibles. Mais cette supposition même des atomes crée une impossibilité non moins insurmontable. Bien qu’on ait examiné cette question ailleurs, on n’en doit pas moins essayer de la résoudre encore ici ; et pour y parvenir, il faut la reprendre tout entière dès le principe.

§ 17.[2]Nous dirons donc d’abord qu’il n’y a rien d’absurde à soutenir que tout corps sensible est à la fois divisible et indivisible en un point quelconque, attendu qu’il

  1. § 16. Si donc, résumé en faveur de la théorie de Démocrite. — Des corps et des grandeurs indivisibles, en d’autres termes, des atomes, comme Démocrite le soutenait. — Des atomes, j’ai ajouté ces mots, pour que la pensée fût plus claire. — Ailleurs, voir le IIIe livre du Traité du Ciel, ch. 4, § 5 ; voir aussi la Physique, dans divers passages, où le système des atomes est plutôt indirectement désigné que positivement indiqué. Philopon cite en particulier le VIIe livre de la Physique, où je ne trouve rien de pareil. Il cite également le petit traité des Lignes insécables, qu’il attribue aussi à Théophraste, au lieu d’Aristote, d’après l’opinion de quelques auteurs.
  2. § 17. A la fois divisible et indivisible, en réalité, c’est impossible ; mais il se peut que l’un soit une simple possibilité, et que l’autre soit réel. Ainsi, par la pensée, le corps est points peut être infini, puisqu’ils sont supposés n’avoir aucune dimension. — En puissance, si ce n’est en réalité, par l’insuffisance seule des instruments dont l’homme doit se servir. — En dehors et à part de la division, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — En des propriétés de ce genre, répétition de ce qui a été dit plus haut, § 13.