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qui Raphaël a réservé une place dans son École d’Athènes.

On le voit donc : l’ingénieur Tiedemann a eu bien raison d’appeler l’Asie-Mineure « la mère de la philosophie, et la patrie de la sagesse[1]  ». Les quelques faits que je viens de citer, et auxquels on pourrait en joindre bien d’autres, le prouvent assez ; désormais, quand on parlera de la naissance de la philosophie dans notre monde Occidental, par opposition au monde Asiatique, nous saurons à qui appartient cette gloire, et à qui l’on doit équitablement la rapporter.

Mais pour peu qu’on y réfléchisse, on voit qu’il est impossible que la philosophie se développe toute seule. Évidemment tous les éléments de l’intelligence doivent être épanouis avant la réflexion ; la réflexion, régulière et systématique, ne se montre que très tard et après les autres facultés. Je n’ai pas besoin de m’étendre sur cette vérité, qu’on peut observer dans les peuples aussi bien que dans les individus. Je constate seulement que les choses ne se sont point passées dans l’Asie-Mineure autrement qu’ailleurs ; sur cette terre fertile, la philosophie n’a point été une plante solitaire ni un

  1. Tiedemann, Esprit de la philosophie spéculative, en allemand, 1781. Tome I, page 139.