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infini, il est un ; car l’infinitude exclut la pluralité. Deux infinis ou plusieurs infinis sont inintelligibles. Éternel, un, infini, l’être est par conséquent immobile et immuable ; car en quel lieu pourrait-il se mouvoir autre que lui-même ? Doué d’une unité absolue, quelle modification, quel changement, quelle altération pourrait-il subir ? S’il pouvait jamais devenir autre en quoi que ce fût, il ne serait plus semblable à lui-même. Sa première forme périrait, une forme nouvelle viendrait à être, et avec le progrès du temps, cet être éternel et infini disparaîtrait et serait réduit à n’être rien. L’être, étant éternel, infini, un, ne peut avoir de corps ; il ne peut être matériel ; car alors, il aurait des parties distinctes, et c’en serait fait de son unité, de son infinité, de son éternité. Il n’y a que l’être qui existe et soit réellement ; toutes les choses, dont nos sens nous affirment l’existence, ne sont que des apparences plus ou moins trompeuses et fugitives ; elles ne sont pas à proprement parler, puisqu’elles changent et qu’elles périssent après être nées. Mais l’être véritable ne se modifie, ni ne change jamais ; et si les choses qui nous apparaissent étaient ce que nous les croyons, elles seraient alors immuables et éternelles comme l’être lui-même. Il n’y a que l’unité qui existe, et la pluralité n’existe point.

Pour ma part, je trouve ces idées de Mélissus tout