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par Xénophane et Mélissus : je veux dire l’unité et l’immobilité de l’être. Qu’est-ce que signifie cette discussion surgissant au début de la philosophie, et soulevée par des hommes qui se sont mêlés à toutes les choses pratiques de la vie, guerre, politique, voyages, colonisations ? Outre qu’ils sont philosophes et spéculatifs, nous les voyons tous agir avec une énergie qui nous étonnerait, si nous ne connaissions les mœurs et les nécessités terribles de ces temps agités. Thalès est à l’armée d’Alyatte, et il délibère au Panionium ; Pythagore parcourt longtemps les pays étrangers, malgré tous les périls et toutes les traverses ; Xénophane, exilé volontaire de sa patrie subjuguée par les Perses, va rejoindre les Phocéens au-delà des mers ; Mélissus défend Samos contre les Athéniens, avec une vigueur que Périclès ne surmonte qu’à grand-peine. Voilà des généraux et des hommes d’état qui s’occupent de métaphysique, chose toujours fort rare ; et de plus, voilà des hommes d’action qui semblent se perdre dans des subtilités, dont on a accusé, trop souvent avec raison, l’école Éléatique. A en juger par le Parménide de Platon, ces critiques seraient assez méritées ; et l’on pourrait à bon droit être surpris que ces minuties dialectiques aient absorbé l’attention de pareils esprits.

Mais il faut bien le remarquer : Parménide, quoique disciple et successeur de Xénophane, est déjà sur