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obéissait déjà à son troisième monarque[1]. Le premier, Cyrus, après avoir affranchi par son génie les Perses, ses compatriotes, subjugua encore leurs maîtres, les Mèdes, et régna sur le reste de l’Asie jusqu’à l’Égypte. Son fils soumit l’Égypte et toutes les parties de l’Afrique où il put pénétrer. Darius, le troisième, étendit les limites de son empire jusqu’à la Scythie par les conquêtes de son armée de terre, et ses flottes le rendirent maître de la mer et des îles. Nul n’osait résister ; les peuples étaient asservis ; tant de nations puissantes et belliqueuses avaient passé sous le joug des Perses !… C’est en se reportant à ces circonstances, qu’on pourra estimer ce qu’il y eut de courage déployé à Marathon par ces guerriers qui soutinrent l’attaque des barbares, châtièrent l’insolent orgueil de toute l’Asie, et qui, par ces premiers trophées, apprirent aux Grecs que la puissance des Perses n’était pas invincible, et qu’il n’y a ni multitude ni richesse qui ne cèdent au courage…

Il faut donc déférer la première palme à ces guerriers. La seconde appartient aux vainqueurs des journées navales de Salamine et d’Artémise. Ceux de Marathon avaient appris aux Grecs qu’un petit

  1. Eschyle. Les Perses, vers 765 et suivants, fait une énumération un peu différente. On voit que, pour Eschyle et pour Platon, l’Asie se borne à la Perse.