Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée

hommes ne sont pas maîtres de leurs personnes, ils s’inquiètent peu de s’exercer aux armes, mais uniquement de se faire paraître impropres au service militaire ; car les dangers ne sont pas également partagés ; les sujets vont à la guerre, en supportent les fatigues, et ils meurent pour leurs maîtres, loin de leurs enfants, de leurs femmes et de tout ce qui leur est cher. Tandis que tout ce qu’ils déploient d’activité et de courage tourne au profit de leurs maîtres, qui grandissent et s’accroissent, eux, n’en recueillent d’autre fruit que les périls et la mort. Il est inévitable, en outre, que de tels hommes voient souvent les incursions de l’ennemi et la cessation des travaux changer leurs champs en déserts. Ainsi, ceux mêmes à qui la nature aurait donné, chez ces peuples, du cœur et d’heureuses dispositions, seraient par les institutions politiques empêchés d’en faire usage. La grande preuve de ce que j’avance, c’est qu’en Asie tous les peuples, grecs ou barbares, qui, exempts de maîtres, se régissent par leurs propres lois et travaillent pour eux-mêmes, sont les plus belliqueux de tous. S’exposant aux dangers pour leur propre compte, ils jouissent du prix de leur courage, ou ils subissent la peine de leur lâcheté !… Ils ne sont pas, comme les Asiatiques, gouvernés par des rois… Chez les