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en partie d’Athènes qu’étaient sorties ces colonies si actives, si intelligentes, si poétiques, si guerrières, au temps de Codrus. C’était à Athènes que s’étaient réunis, si non que s’étaient recrutés, les Ioniens ; et l’on peut croire qu’Athènes n’avait pas laissé de donner de son sang et de son esprit aux colons qu’elle ne pouvait plus abriter, et qu’elle devait bannir après un assez long séjour. Puis, ces colonies elles-mêmes ne purent conserver dans leur propre sein le germe qu’elles avaient conçu. Si Thalès reste à Milet, Pythagore quitte Samos pour Sybaris et Crotone ; Xénophane quitte Colophon pour Élée ; et la philosophie exilée un instant dans la Grande-Grèce, y compris la Sicile, trouve enfin son véritable empire dans Athènes avec Socrate et Platon, au temps d’Anaxagore, de Périclès, de Phidias et de Sophocle. Alors, elle y est le chef-d’œuvre de l’intelligence Grecque, inépuisable mère de tant de chefs-d’œuvre en tout genre. Après avoir été deux fois transplantée, elle revient au sol primitif des colonies Ioniennes, pour y produire sa fleur la plus exquise et son fruit le plus mûr. Dans la Grande-Grèce, la philosophie n’a été qu’un accident apportée par les catastrophes politiques ; elle y a peu duré, quoiqu’elle y ait jeté un vif éclat. Une fois fixée à Athènes, elle y est restée plus de mille ans, depuis le siècle de Périclès jusqu’à celui de Justinien, institutrice