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qui lui ont inspiré de tels desseins, transportés dans des pays auxquels ils convenaient si peu. Pythagore en a gardé une auréole au moins aussi sainte que scientifique ; il reste à part, au milieu de tout ce qui l’a précédé et de tout ce qui l’a suivi. Sa doctrine est incomplète, mais grandiose et majestueuse ; sa morale est d’une irréprochable pureté, que celle de Platon n’a pas même surpassée, tout en étant beaucoup plus profonde.

Laissant de côté les individus, on peut remarquer que la philosophie Grecque tout entières été placée dans cette condition exceptionnelle, et très favorable, de n’avoir point devant elle une religion fondée sur des livres sacrés. En Égypte, en Judée, en Perse, et dans l’Inde, il en est autrement. Non seulement la religion dans ces contrées a précédé la philosophie comme partout ailleurs ; mais de plus, elle s’est appuyée sur des monuments réputés divins. Pendant de longs siècles, elle a suffi à tous les besoins moraux et intellectuels de ces peuples. Plus tard, la philosophie est sortie des sanctuaires. Dans l’Inde Brahmanique ou Bouddhiste, par exemple, elle a pu se développer avec une grande fécondité, si ce n’est avec un grand succès, libre quoique toujours un peu suspecte. Dans la Grèce au contraire, ou plutôt dans les colonies Grecques de l’Asie-Mineure, il n’y a rien de semblable. La Grèce n’a jamais eu de