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devenait à peu près le contemporain de Thalès et de nos philosophes. A la suite du Sânkhya, on classait les autres écoles dans un ordre systématique et plus ou moins arbitraire, les faisant toutes plus récentes que lui, et par conséquent, postérieures à la philosophie de l’Asie-Mineure. Aujourd’hui, cette opinion ne parait plus soutenable, et les plus instruits des Brahmanes s’accordent à mettre le Sânkhya lui-même assez longtemps après le Bouddhisme. La philosophie n’est apparue dans l’ancienne religion que pour combattre ou tout au moins atténuer l’hérésie. Le Sânkhya, athée et spiritualiste tout ensemble, ne serait qu’une tentative de conciliation entre les croyances de la religion nouvelle et les croyances issues du Véda. Le Nyâya ou la Logique serait venue même avant le Sânkhya, pour les besoins de la discussion ; et le Védânta serait postérieur à tous deux[1].

Je n’ai point à entrer dans des discussions de ce genre ; et je ne veux pas pousser cet examen au-delà de ce que je viens d’en dire ; ce serait fort inutile. Il est clair pour nous qu’à placer même le Sânkhya avant l’apparition du Bouddhisme, les Grecs n’ont

  1. Voir le très remarquable ouvrage de M. Banerjea, Dialogues on the Hlndu philosophy, Londres, 1861, in-8°, page 50 et passim. M. Banerjea est professeur au Bishop’s college de Calcutta, et son ouvrage est dédié à M. John Muir.