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admettant même qu’elle l’ait précédée dans l’Inde, dans la Chine, dans la Perse, dans l’Égypte, nous ne lui avons emprunté quoi que ce soit ; nous n’avons point à remonter à elle pour connaître qui nous sommes et d’où nous venons. Au contraire, avec la philosophie grecque, nous nous rattachons au passé d’où nous sommes sortis. Malgré les aveuglements d’un orgueil trop souvent coupable d’ingratitude, nous devons ne jamais oublier que nous sommes les fils de la Grèce ; elle est notre mère à peu près dans toutes les choses de l’intelligence. Interroger ses débuts, c’est encore interroger nos propres origines. De Thalès, de Pythagore, de Xénophane, d’Anaxagore, de Socrate, de Platon, d’Aristote jusqu’à nous, il n’y a qu’une différence de degré ; nous sommes tous dans la même voie, ininterrompue depuis tant de siècles, poursuivie sans relâche, et qui ne change pas de direction, tout en devenant de plus en plus longue et plus belle. Apparemment, nous n’avons point à rougir de tels ancêtres ; et tout ce que nous avons à faire, c’est d’en rester dignes en les continuant.

On a pu dire, non sans justice, que la philosophie était née avec Socrate[1], et cet admirable personnage

  1. Voir l'Introduction à l’histoire de la philosophie, 2e leçon par M. Victor Cousin, cours de 1828 ; voir aussi l’Histoire générale de la philosophie, 3e leçon, page 102.