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et que c’est uniquement par la faiblesse de notre esprit et les nécessités de l’analyse universelle, que peu à peu les sciences particulières se spécialisent, et que la philosophie, qui n’en reste pas moins leur mère féconde, s’isole aussi de ses filles, sans cesser de les nourrir et de s’appuyer sur elles. La philosophie a reconnu assez vite son domaine propre, superposé à celui de toutes les autres sciences, dont elle est à la fois la racine et l’achèvement. Mais à ces premiers jours, elle se confondait avec toutes les sciences qui n’étaient pas encore issues de son sein. De là le beau et modeste nom qu’elle s’est donné. Pythagore, interrogé par Léon, tyran des Phliasiens (Sicyonie), lui répondit qu’il était philosophe, nom jusque-là inouï. Le philosophe n’est qu’un ami de la sagesse, c’est-à-dire de la raison, qui étudie les choses et s’étudie elle-même.


« Les hommes, disait Pythagore, sont et marchent dans la vie à peu près comme la foule qui se rend aux fêtes solennelles. Dans ces vastes assemblées de la multitude, chacun de ceux qui s’y pressent ont des desseins divers. L’un y va pour vendre ses marchandises et par amour du gain ; l’autre n’est guidé que par l’amour de la gloire et par le désir de remporter le prix de la force ou de l’adresse. Une troisième classe, plus noble encore, n’y paraît que pour contempler la beauté des lieux où l’on