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trop uni ; il est plus beau à l’œil, peut-être ; mais il n’est pas d’un bon service. L’eau du Nil, bourbeuse comme elle l’était, causait aussi un inconvénient de ce genre ; quand elle était versée avec trop peu d’attention, au début de l’opération, elle rendait le papier rebelle à l’écriture ; elle lui imprégnait même une odeur qu’on reconnaissait ; elle y faisait en outre des taches ; et alors il fallait, pour qu’elles disparussent, faire des trous et coller artistement de petites pièces dans le papier. L’acheteur ne s’en apercevait qu’à l’usage, tant la fraude était adroite ; mais en ces endroits, le papier buvait et faisait étaler l’encre des caractères, qui devenaient peu lisibles.

Aussi Pline, pour éviter ces désagréments divers, indique-t-il des procédés de collage qui rendent le papier beaucoup plus doux que la toile de lin elle-même. Il trouve ces procédés très efficaces, et il dit avoir vu chez un de ses amis, grand amateur d’autographes, des manuscrits de Cicéron, du divin Auguste et de Virgile, sur du papier de ce genre. Il y a même vu des manuscrits de Tibérius et de Caïus Gracchus, monuments qui avaient deux cents ans de date, tant le papier ainsi collé résistait bien au temps.

Après tous ces détails, Pline revient à l’opinion de Varron sur l’emploi récent du papier en Italie ; et il essaie de prouver, contre l’opinion de son docte devancier, que les livres étaient connus dès le temps