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qu’on attribuait la découverte de l’écriture et l’invention des livres. Platon, descendant de Solon, devait être plus que personne au fait des traditions que son glorieux aïeul avait rapportées de la terre étrangère.

A ces faits déjà bien décisifs, j’en ajoute encore quelques autres de la même époque. Quand Xénophon, chef de la retraite des Dix mille, arrive de Byzance à Salmydesse, le point extrême de sa marche au nord, il rappelle que beaucoup de bâtiments, en entrant dans le Pont-Euxin, s’engravent sur les bas fonds de la côte. Les Thraces, habitants de ces parages, accourent et pillent les malheureux naufragés, s’entre-tuant à qui volera le plus de butin. De là, une foule de meubles qu’on trouve sur cette côte inhospitalière, et que les navigateurs transportent dans des caisses de bois, entre autres des livres, que sans doute ces barbares ne comprenaient pas, mais qu’ils conservaient pour les revendre[1].

Comme il y avait bon nombre de colonies grecques dans ces contrées, Byzance et d’autres, il n’est pas impossible que quelques navigateurs pensassent à faire le commerce des livres. On les transportait peut-être des côtes de l’Asie Mineure, d’Athènes et

  1. Xénophon, Anabase, livre VII, ch. 5, § 4, page 313, édition de Firmin Didot.