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Méprisé ou attaqué injustement, il a toujours besoin que son père vienne à son secours ; car il ne peut ni résister ni se secourir lui-même.  »

Socrate met bien au-dessus de ces discours, morts dans l’écriture qui les consigne, le discours que la science grave dans l’âme de celui qui étudie, le discours vivant et animé qui réside dans l’intelligence, et dont le discours écrit n’est qu’un pâle simulacre. C’est celui là qu’il conseille à Phèdre de cultiver avec le plus de soin. Le poète, le prosateur corrigent et raturent mille fois ce qu’ils écrivent ; ils y ajoutent ; ils y retranchent ; mais il faut avant tout qu’ils tiennent à la parole du dedans, et qu’ils la cultivent avec la plus profonde attention, pour mériter ce beau nom de philosophe. C’est un avis que Phèdre peut donner à Lysias ; c’est un avis que Socrate saura faire goûter à ses jeunes amis, et entre autres au bel Isocrate, qui promet tant.

Je ne discute pas cette opinion du sage Athénien, quoiqu’elle ne me paraisse pas tout à fait digne de son bon sens ordinaire. Mais quelle qu’en soit la valeur, il en résulte que Socrate, Phèdre et tous leurs amis se servent de livres comme nous ; qu’ils écrivent leurs discours et leurs ouvrages comme nous écrivons les nôtres ; qu’ils les étudient, qu’ils les corrigent, qu’ils les liment comme nous le faisons. Il en résulte, en outre, que, du temps de Platon, c’est à l’Égypte