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dans le manuscrit qu’il tient entre ses mains.

Socrate, tout en louant aussi le talent de Lysias, n’en fait pas autant de cas que son jeune ami ; et il lui rappelle que, dans les temps passés, bien des sages ont écrit sur le même sujet, et au moins aussi bien, ne serait-ce que la belle Sapho, ou le docte Anacréon, ou même quelque prosateur. Phèdre n’en croit rien, et il somme Socrate de faire lui même mieux que Lysias, sous peine de ne lui rien lire désormais, s’il ne s’exécute pas sur-le-champ. Socrate essaie donc une concurrence qui ne lui semble pas impossible ; et il refait le discours de Lysias, en se jouant sur le même thème, tout bizarre et paradoxal qu’il est. Mais il faut s’élever plus haut que cette lutte puérile sur un sujet rebattu ; et Socrate saisit cette occasion pour donner au jeune homme une leçon de rhétorique et de goût. Lysias écrit beaucoup trop, il faut apprendre à juger ses œuvres pour ne pas leur attribuer plus de prix qu’elles n’en ont. Les hommes d’état, bien avisés, se gardent de composer des ouvrages et de laisser des écrits, qu’une postérité sévère pourrait critiquer. Si par hasard ils écrivent quelque chose, ils appliquent tous leurs soins à composer des écrits irréprochables. Mais Périclès, le plus parfait des orateurs et l’élève du grand Anaxagore, n’a rien laissé par écrit.

Socrate, en traçant les règles de la vraie rhétorique,