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DISCOURS

nombre, ceux même dont elles irritent les pas sions injustes, ne peuvent, en secret, leur refuser quelque estime. Au contraire, les pensées qui naissent du sentiment de la personnalité, sont étroites et viles ; elles ont besoin, pour se manifester, d’une extrême circonspection, et sont forcées de s’environner de mille faux prétextes de bien public et d’intérêt général ; encore l’illusion qu’elles peuvent produire par cet artifice est-elle bien peu durable. Et ainsi s’explique la différente destinée qu’ont eue les écrits des philosophes qui ont établi et défendu les vrais principes de la liberté et de l’ordre social, et. les écrits des sophistes qui se sont faits les apologistes du despotisme et de la servitude. Les uns, lus, admirés de siècle en siècle, et cités avec confiance par tous ceux qui ont sincèrement embrassé la cause de l’humanité, forment comme un faisceau de lumières toujours subsistant, et qui éclaire la marche des gouvernements jaloux de faire le bonheur des peuples et d’assurer leur propre sécurité : ils consacrent à la reconnaissance des hommes les noms glorieux de Platon, d’Aristote, de Cicéron, de Locke, de Montesquieu. Les autres, semblables à ces lueurs perfides et passagères, qui apparaissent quelquefois au voyageur incertain de sa route, et qui s’éteignent tout à coup, en le laissant au milieu des précipices et des abîmes où elles l’ont égaré, PRÉLIMINAIRE. lxxiij