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DISCOURS

sévère aura garanti leur aptitude aux fonctions qu’ils doivent remplir.

Mais, comme l’exercice du pouvoir a, par sa nature, des séductions auxquelles bien peu d’hommes sont capables de résister, plus une magistrature sera importante, plus le pouvoir qui y est attaché sera grand, plus il conviendra de limiter le temps où elle sera exercée par la même personne. Il faudra, de plus, que tout magistrat sortant de charge soit tenu de rendre un compte public de l’usage qu’il a fait de son autorité. Ce compte devra être d’autant plus rigoureusement exigé, l’examen en devra être d’autant plus rigoureux, que l’autorité du magistrat aura été plus grande.

Par suite des mêmes considérations, il conviendra de ne pas exciter par des avantages pécuniaires trop considérables la cupidité et l’ambition des ames vulgaires ; en sorte que ceux qui aspireront aux grandes magistratures, regardent plutôt l’honneur que le profit qui en résulte, qu’ils cherchent le dédommagement de leurs soins et de leurs sacrifices dans l’estime et dans la considération publiques, plutôt que dans un accroissement de richesses, toujours funeste pour eux-mêmes, et dangereux pour la liberté. Par conséquent, il conviendra aussi que les fonctions qui donnent un grand pouvoir soient entièrement distinctes et séparées de celles où l’on aura, de quelque manière PRÉLIMINAIRE. lxiij