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tel qu’il l’a conçu. — IV. Phaléas de Chalcédoine a aussi imaginé un système de gouvernement qui avait pour base l’égalité des fortunes entre les citoyens; mais il n’est guère possible de parvenir à ce but , sans assigner des limites à l’accroissement de la population. Solon eut des vues à peu près pareilles, comme le prouvent plusieurs de ses lois. Phaléas voulait encore l’égalité dans l’éducation de tous les citoyens; mais il ne dit point quelle sera cette éducation: et d’ailleurs, il faudrait ajouter à ces deux sortes d’égalité, celle des honneurs. La somme totale des richesses qu’une cité doit posséder, aurait été aussi une chose utile à déterminer; mais Phaléas n’a rien marqué avec précision. Peut-être la quotité des richesses doit-elle être telle qu’elle n’offre point un appât à l’avidité de voisins plus forts. Au reste, la cupidité des hommes étant, de sa nature, insatiable, il vaut mieux s’attacher à modérer leurs désirs, qu’à établir parmi eux l’égalité des biens. — V. Dans le projet de république imaginé par Hîppodamus de Milet, on remarque la division du peuple en trois classes, artisans, laboureurs , guerriers ; et une division du territoire aussi en trois parts, l’une consacrée aux dieux, une autre appartenant au public , et la troisième aux particuliers : un système d’organisation des tribunaux , qui , de même que la division du territoire , présente des difficultés graves et des inconvénients assez nombreux: une loi particulière en faveur de ceux qui avaient rendu d’importants services à l’état, qui donne également lieu à de fortes objections. La question de savoir si l’on doit changer facilement et fréquemment les lois d’un état, est de la plus haute importance : de pareils changements ne sont jamais sans danger; et l’on ne saurait y apporter trop de maturité et de circonspection. — VI. C’est un principe généralement admis, que les citoyens d’un état bien organisé doivent être affranchis des soins qu’exigent les besoins de première nécessité. Mais, dans la pratique, il présente une grande difficulté, c’est de concilier l’esclavage d’une partie des habitants avec la sécurité des citoyens. Le relâchement dans la conduite des femmes est aussi une cause de graves désordres dans les