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que, sous de certains rapports, c’est le fait de l’économe et du magistrat de surveiller la santé des citoyens, et sous d’autres, c’est celui du médecin ; ainsi, en ce qui concerne la richesse, il y a des soins qui regardent l’économe, et d’autres qui ne sont pas de son ressort, mais qui appartiennent aux divers genres de travaux ou de services. Mais, comme je viens de le dire, c’est la nature surtout qui doit fournir ce premier fonds : car c’est à elle de donner la nourriture à l’être à qui elle a donné l’existence, puisque tout être animé trouve ordinairement son aliment préparé par celui dont il tient la vie. Voilà pourquoi l’espèce de richesse qui provient des fruits de la terre, ou des animaux, est pour tous les êtres une richesse conforme à la nature.

23. Mais comme il y a deux sortes d’art ou de science de la richesse, ainsi que nous l’avons déjà dit, l’une qui a le trafic pour objet, et l’autre l’économie ; celle-ci louable et nécessaire, tandis qu’on blâme l’autre avec raison (car elle n’est pas conforme à la nature, et se compose du gain produit par les échanges réciproques ) ; c’est avec beaucoup de raison qu’on a de l’aversion pour l’usure [ou le prêt à intérêt], parce qu’il procure une richesse née de la monnaie elle-même, et qui n’est plus consacrée à l’emploi pour lequel on se l’était procurée. En effet, on ne l’avait créée que pour faciliter les échanges, tandis que l’usure la multiplie ellemême. C’est aussi de là que l’usure a pris son nom [dans la langue grecque ToV.oç, c’est-à-dire enfante